Thibault a l'européen RS 800 à Carnac

Publié le par Charles

Au début de l’année, j’avais décidé de découvrir des machines un peu plus extrême que le Vaurien et le Laser ; c’est par hasard que j’ai trouvé un embarquement en tant qu’équipier pour courir à une régate de skiff sur RS 800 au Lac du Der. L’expérience s’est bien déroulée, nous terminons bien classés (malgré le petit temps qui n’a pas vraiment permis de découvrir le bateau), et avec le barreur nous décidons de poursuivre la saison ensemble. Après une autre régate à Piriac par force 4-5 et quelques entraînements, nous voici au point d’orgue de la saison skiff : l’européen RS 800 à Carnac, qui se déroule du 27 au 31 juillet !

Peu de français du circuit skiff hexagonal (3 RS 800 au total sur la dizaine de bateaux présents en France), mais beaucoup d’anglais ! 38 bateaux au total. Quatre jours d’entraînement avant la régate nous permettent de découvrir le plan d’eau (magnifique), de se tester un peu face aux anglais (très rapide), et de déjà faire une pointe à 18,7 nœuds au GPS, par 21-22 nœuds de vent.

Après la jauge et les inscriptions le dimanche (où nous sommes pesés et mesurés, afin de placer des poids correcteurs au fond du bateau et de régler l’écartement des échelles), la régate débute le Lundi. Le vent est déjà de la partie, avec environ 20 nœuds ! Les parcours sont de type « banane », avec le nombre de tours à effectuer inscrit au bateau comité : pour cette première manche, nous devons en faire 4 (il va falloir les compter sans prendre le tournis !). Le premier départ est bon, le premier près attaqué à une vitesse folle, et nous passons la première bouée au milieu de la flotte. Mais, au fil des tours, les écarts se creusent … d’autant que nous dessalons 2 fois durant la manche ! Une fois à un empannage qui ne passe pas (le spi bien, mais la grande voile non) et la deuxième fois à un envoi de spi : déséquilibré, je ne hisse pas le spi assez vite, il part dans l’eau, fait chalut ou « croche-pied » et nous dessalons par l’avant… Bon, heureusement, nous ne sommes pas les seuls à dessaler (à vue de nez, les 15 premiers seulement sont parfaitement à l’aise dans ce vent), et nous terminons tout de même 28. La deuxième manche (4 tours aussi) est semblable, nous dessalons une seule fois (de trop), et nous faisons 26… 9 bateaux auront tout de même abandonné cette manche à cause du vent…

Le RS 800 se ressale bien, mais il faut rentrer le spi avant. Et du coup, dessaler au cours d’une manche fait certes perdre des places, mais surtout fatigue énormément. Et avec la fatigue, les réflexes deviennent moins bon, ce qui accroît le risque de dessalage ! Bref, après cette première journée, trois dessalages, et huit envois et affalages de spi, j’ai les bras en coton…

Mardi : le vent est plus faible, 2 bft. Logiquement, la maîtrise des manœuvres prend moins d’importance, et les résultats s’en ressentent (un peu). 22 à la manche 3. Pour la deuxième course du jour (manche 4) nous passons même à coté d’une très bonne manche : nous sommes 15ème jusqu’à la dernière bouée, et il ne reste alors qu’un petit bord de travers pour rejoindre l’arrivée ; bord qui nous sera fatal, puisque nous trouvons le moyen de dessaler ! (à contre… dans une molle en ayant lâché trop de hale-bas…). Du coup nous terminons 22 comme la précédente.

Mercredi : les choses se gâtent : 25 nœuds, un peu plus dans les rafales, monte vers la fin de journée ! Quelques équipages restent à terre, refroidis par leur journée de Lundi… Nous, nous y allons, nous sommes là pour ça ! Sur l’eau les conditions sont effectivement musclées (plusieurs fois au près je devrais choquer du foc, la GV déjà complètement choquée), mais heureusement les vagues pas énormes. Dans ces conditions de vent, nous sommes en phase d’apprentissage ! Ca va vite, très vite ! Sous spi, les pieds dans les foot straps, la GV dans l’axe, le bateau double les vagues, et nous atteignons les 20 nœuds de vitesse… Nous dessalons malheureusement encore, à des empannages, un enfournement sur une vague à pleine vitesse, etc. Si les premiers sont bien loin devant, nous arrivons quand même à finir toutes les manches. Profitant de tous les abandons, et dessalages des autres concurrent, nous finissons 28 et 24 aux deux manches du jour. Heureux d’être resté jusqu’au bout sur l’eau et d’avoir fini toutes les manches !

Le jeudi, le vent redevient plutôt faible, 2-2,5 bft. Si nous pouvions en espérer beaucoup, la journée est cependant gâchée par quelques soucis techniques. A la première course, nous avons modifé le réglage du mat … et ça marche moins bien qu’avant ! En plus, sur bâbord amûre, l’eau rentre dans le bateau par le puit de dérive. Craignant une avarie sérieuse ou croyant à des algues coincées nous dessalons volontairement le bateau pendant la course pour regarder dessous ; en fait c’est juste la lèvre de dérive qui s’en va… Manche à oublier : 29ème ! Dans la deuxième course, nous remettons le mat comme avant, et c’est mieux, même si nous cherchons un peu question tactique : 24ème.

Le dernier jour, vendredi, nous réalisons enfin une vraie bonne manche ! Le vent est faible (1 bft), et seuls 2 tours de banane sont programmés. Le départ est bon, les options au près aussi, et nous passons bien placés la première bouée. Au portant, nous perdons une dizaine de place en ratant une risée ; sur le RS 800 (comme sur les autres skiffs), le spi asymétrique ne nous permet pas de descendre plein vent arrière (trop lent), et il faut louvoyer ; conséquence, les bords de portant ont autant d’importance que les près et l’on peut y gagner ou y perdre beaucoup dans un vent oscillant comme celui que nous avions. Nous reprenons quand même plusieurs places au deuxième près, et terminons 10ème de cette dernière manche !

Au final nous terminons 27ème/ 38 et premiers français. Mais le plus important a été le plaisir de naviguer sur ce bateau ! Le RS 800 est quand même assez exigeant, il faut faire preuve de pas mal d’agilité, et la moindre erreur se paie cher. Rien que pour virer convenablement, synchro, en relançant bien le bateau, il nous aura fallu plusieurs entraînement avant la régate !

On entend parfois qu’il faut « ré-apprendre à naviguer » pour faire du skiff. J’ai trouvé pour ma part que naviguer sur le RS 800 n’est pas forcément très différent que de naviguer sur un Laser ou un Vaurien : (presque) tout ce qui est vrai et marche en vaurien est vrai sur le RS 800 (hormis le spi bien sûr), mais tout a 10 fois plus d’importance (équilibre du bateau, naviguer à plat, importance du hale-bas au largue, coordination dans les manœuvres). Mais le 800 le rend bien : les sensations sont 100 fois plus importantes ! Et planer au près est également très agréable !

Et pour finir deux petits liens :

-       Les résultats : http://www.yccarnac.com/fra/regates/resultats-european-rs.html

-       Le site du photographe présent : http://www.littoral-ouest-photos.com (aller dans « photographies de régates » >> « European RS » >> day 1 et day 3)

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